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Mercredi 11 Juin 2008

J+227 Ile de Bali - Région d'Ubud
Je sais vous m'en voulez, je vous ai laissé une semaine sans nouvelles… Mais j'avais une bonne excuse, au début : mises à jour du dernier carnet de route australien et rédaction de l'article presse qui, pour chaque étape, demande tout de même un certain travail. Pas facile de résumer 2 mois de voyage en Australie… Et puis, parce que c'est toi (c'est marrant que je pense seulement à te tutoyer depuis le temps que je te parle, enfin passons), j'avoue avoir pris deux, trois journées plus tranquilles, à mi-parcours, c'était je pense une bonne idée. Car si tu m'envies (et diable je te comprends), il ne faut pas croire pour autant que je me tourne les pouces. Après mon sprint final en Australie, j'étais sur les poignées de portes. Bref, nous voilà réconciliés. Et preuve de ma bonne fois, je t'emmène de nouveau avec moi pour découvrir les splendeurs de ce pays aux 13000 îles : l'Indonésie.
13000 cela fait beaucoup, j'ai choisi de n'en visiter que 2 d'ailleurs pour ne pas me disperser : Bali l'hindoue et Java la musulmane. Pour être plus complet, il me faudrait aussi visiter Sumatra, Sulawesi, Lombok, Bornéo… la prochaine fois.
Pour faciliter mon grand écart entre la culture australienne et balinaise, j'ai fais halte dans un premier temps à Kuta et ses plages dans le sud de l'île. Le contraste est saisissant lorsque l'on croise dans la rue une femme portant sur sa tête un plateau d'offrandes, jouant du coude avec un australo-piteux bourré aux hormones qui vient prendre la wave. Simplicité, snobisme, quiétude et débauche déambule côte à côte, cela fonctionne, l'équilibre se fait. Si je vous parle de cela, c'est parce qu'en 2002, c'est à cet endroit qu'a eu lieu le terrible attentat qui fit je crois plus de 200 victimes, en grande majorité des Australiens.
Parlons de choses plus gaies, parlons de Bali, de sa culture raffinée, de sa cuisine exquise, de ses arts multiples, de son adorable population… Je ne saurai dire pour la suite et Java, mais Bali s'annonce comme un coup de cœur.
Tu as faim ? Bon, très bien. Commençons par la nourriture balinaise. A l'image du reste, elle est raffinée. Je n'ai encore pas mal mangé, malgré une belle tentative aujourd'hui en mangeant dans un superbe boui-boui (4 agglos, une planche et des gamelles au bord de la route) : c'était bon. D'une manière générale, le riz entre dans la composition de nombreux plats, le poulet, le porc, le thon, les fruits de mer viennent l'accompagner dans l'assiette dans une savoureuse déclinaison de curry et d'autres sauces délicieuses. Pas facile de décrire une cuisine en quelques mots… Je dirais simplement que c'est de bon à très bon, toujours très bien présenté, quant au prix, le plat en photo m'a coûté moins d'un euro ! Te voilà rassasié. Reste à étancher ton insatiable soif de culture... Celle-ci n'est pas en reste à Bali. La visite des temples est un vrai bonheur. Bon nombre datent du Xème, XIème siècle. Leurs architectures sont magnifiques. Sur leurs pierres moussues (je ne sais pas si ça se dit mais il est 0h08 et je me lève à 6h alors tu feras avec), des offrandes, de l'encens, des drapures colorées font de chaque lieu un véritable havre de paix. Les bains que vous observez sont ceux de la source de Tirta Empul, les Balinais (es) viennent y faire leurs ablutions (c'est Maman qui m'a apprit le mot quand j'aspergeais la salle de bain en faisant ma toilette, ça vous intéresse pas ? Bon. J'ai les yeux qui picotent. Ok, j'arrête.) Cette journée est spéciale dans le calendrier hindouiste, lui-même suit le calendrier lunaire. Dans un temple familial que j 'ai d'abord pris pour un temple public, j'assiste aux préparatifs de la fête du soir. Toute la famille, dans une large acceptation (il y a une centaine de personnes) s'affaire à cuisiner, confectionner des décorations végétales, honorer les dieux par des offrandes, ornementer les très nombreux autels (qui doivent avoir un nom spécifique je suppose)... Iwayan me renseigne gentiment. C'est un sculpteur émérite. C'est une autre façade encore des Balinais, il semble que beaucoup aient un talent artistique indéniable : peinture, sculpture, danses...
Bali est une perle dans l'Océan Indien, un paradis où la vie s'écoule paisiblement, presque aussi lentement que leurs connexions Internet toutes pourries qui m'obligent à vous laissez pour aujourd'hui... Quel poète ! [Il est 1h28, je suppose en avoir encore pour une bonne demie- heure avec les photos, c'est le revers de la médaille. Tu vois que j'te raconte tout !]

 

Mercredi 18 Juin 2008

J+234 Et au milieu coulent les rizières...
« Le v'là qui nous dit même plus où qu'il est maintenant! ». En effet, étant sur le point d'entamer le dernier tiers du voyage, je lance un concept totalement innovant, aller on est foufous : les thématiques ! Je me suis laissé dire que j'étais pas le premier : « ce soir à 20h15, dans Thema partez à la rencontre du plus grand poète du Liechtenstein, Barrik De Rom, et laissez-vous ennivrez par ses verres ! »...
Bali est dépourvue d'industrie et c'est tant mieux, voilà pour ce qui est du secteur secondaire. Le secteur tertiaire est tourné essentiellement vers le tourisme quant au secteur primaire, c'est là notre propos. Si tu es malin(e), et je n'en doute pas, tu te rendras compte que je ne t'ai encore rien appris d'intéressant et que je prends de surcroit ton précieux temps pour te faire lire mes idioties. Mais ne dit-on pas qu'il faut savoir perdre son temps pour en gagner ? Non ? Ah, bon, autant pour moi, alors je me lance. Aaaaaahhhhhhhhhhhhh... (humour du secteur primaire (tu as quand même sourit remarque, j't'ai vu !)).
Outre les paysages de cartes postales qu'offrent les rizières de Bali, elles fournissent surtout aux Balinais leur alimentation de base. Chaque jour, plus de 200grs sont dévorés par personne. La productivité des parcelles, si rustiques que semblent être les exploitations, est pourtant parmi les plus élevées du monde. La fertilité des sols, un climat idéal mais aussi le travail des hommes y contribuent largement. Malgré cette forte production, la demande est supérieure à celle-ci et Bali doit importer du riz. Grâce à leur système d'irrigation et de production, les agriculteurs peuvent espérer faire 2 voire 3 récoltes par an. Chaque jour, les Balinais remercient leurs dieux et les offrandes, agrémentées de noix de coco, de fruits, de fleurs, ont quasi toutes une base de riz. C'est bien vu, du genre : « si vous en revoulez demain va falloir être sympas avec nous... », le Balinais est malin ! Ainsi s'achève notre thema, d'autres sont à venir. Je ne pourrai pas faire celui sur les richesses sous-marine de Bali, ne pouvant exporter ces photos, et croyez-moi ou non, c'est mieux pour vous... Au fait vous avez quel temps là-bas ?
- « oh, le ... ! »

 

Vendredi 20 Juin 2008

J+ 236 Portraits
Bali respire la douceur de vivre, non seulement grâce à la douceur de son climat, ses paysages somptueux, mais aussi grâce à la gentillesse de sa population qui à elle seule vaut le voyage. Malgré le boom touristique des 30 dernières années, les Balinais ont su conserver leur calme et leurs coutumes. Ainsi, que ce soit dans les villes balnéaires du Sud ou dans le plus petit des villages du centre, ceux-ci ne dérogent pas aux traditions et, chaque matin, hommes et femmes déposent leur offrandes devant leur demeure, leur commerce, leur scooter… les accompagnant de prières, comme si rien d'autres n'importait. Certains diraient que c'est trop. Cela reste un point de vue très occidental, car fasse à la folie du monde, le peuple balinais a su se préserver, sans être rétrograde, avancer avec son temps sans oublier l'essentiel.
Si vous êtes curieux de leurs traditions, attendez-vous à la même chose de leur part : comment vous appelez-vous, où logez-vous, êtes-vous marié… ne mettent pas plus de 2 secondes à suivre un « hello Mister ! ». La mode à Bali est le sourire. Je ne me souviens plus si nous avions suivi cette mode en Europe. Les plus âgés que moi pourraient peut-être nous renseigner. Il y a-t-il eu un temps où les hommes se parlaient autrement qu'au téléphone, connaissaient mieux leur voisin qu'une personne rencontrée hier sur un chat cybernétique, un temps où l'homme n'était pas l'esclave des machines qu'il avait inventé ? Non. Car c'est affaire de choix. Pourquoi aller faire un petit resto entre amis si c'est pour se faire griller le pavillon en conversant avec d'autres grâce à ton nouveau tri-bande 4G Motonokia qui fait aussi sèche-linge et friteuse ? Ridicule ! Bon, je m'emporte, revenons à nos ballons.
J'ai donc eu la chance de multiplier les contacts avec les Balinais. J'ai loué une petite moto pour vadrouiller à ma guise et m'arrêter quand bon me semble : un peu partout, n'importe quand, pour n'importe quoi. J'ai ainsi rencontré des agriculteurs, des peintres, des pêcheurs, des artisans, des commerçants, des vieillards, des enfants… avec un pareil plaisir car reçu avec une pareille gentillesse. J'ai assisté à des mariages et d'autres cérémonies religieuses, comme pour l'artisanat, la gastronomie et bien d'autres aspects de la vie à Bali, le maître mot est le raffinement.
Le village balinais est avant tout une communauté sociale d'inspiration religieuse. L'unité est faite par le krama desa, un conseil d'hommes mariés qui choisissent le chef du village. Celui-ci, chargé du respect de la tradition, organise les fêtes, et Dieu sait qu'il y en a (puisque c'est pour lui), contrôle les biens collectifs et joue enfin un rôle de conseil et de médiation. Les familles sont chargées de s'entraider pour la réparation d'un temple, la construction d'une maison, l'entretien d'une route ou la participation à un gamelan (orchestre).
L'hindouisme à Bali est beaucoup plus souple que son grand frère indien. Les grands principes (castes, crémations..) existent mais d'une façon générale, c'est un hindouisme remodelé. Chez la caste la plus humble, les sudras, il est facile de connaître l'ordre de naissance des enfants puisque ceux-ci se nomment respectivement Wayan pour le premier, suivi de Made, Nyoman et Ketut. Quand le cycle est fini, on recommence avec Wayan, qu'il s'agisse d'un garçon ou d'une fille d'ailleurs.
Quant aux combattants que vous voyez en photo, il s'agit d'une fête spéciale qui n'a lieu qu'une fois l'an dans le petit village animiste de Tenganan, près de Candi Dasa. Même là, les lutteurs (presque tous les hommes du village), pansent leurs plaies mutuellement après la bagarre et partagent ensuite un grand repas en toute amitié. Cette cérémonie honore Indra, la déesse de la guerre. Par la suite, dans les années 90, cette dernière s'est reconvertie de guerre lasse en faisant une électro-pop ringarde. Des millénaires de barbaries pour en arriver à cette conclusion : faites l'amour pas la guerre…

 

Lundi 23 Juin 2008

J+ 239 Java – Au Cœur de la poudrière…
Me voila à présent sur l'île de Java et je jubile car le contexte m'impose de continuer avec mes themas. Et aujourd'hui, ce n'est pas le moins intéressant puisque je vais vous parler de ses volcans. Quelques infos sur l'île auparavant.
Java est l'île la plus peuplée d'Indonésie, elle compte quelques 120 millions d'habitants. Si elle s'étire sur un millier de kilomètres d'ouest en est, impossible cependant de se sentir seul sur cette grande « ligate » (terme géographique vosgien). En effet, Java compte parmi les plus fortes densités de population de la planète avec 850 hab. /km².
Cette forte densité s'explique d'ailleurs en grande partie par la présence de ces montagnes de feu : 120 volcans dont 17 en activité ! Car si ces géants sont à craindre, ils offrent aussi des terres d'une exceptionnelle fertilité. On fait ainsi pousser tout ou presque sur les flancs des volcans : riz (bien sûr), café, mais aussi des champs de choux chans fin. Java s'intègre dans une chaîne volcanique qui traverse Sumatra et se poursuit vers Bali, avant de remonter vers les Moluques.
Je pars en premier lieu à la rencontre du Kawah Ijen. Au cœur d'une immense caldeira (rien à voir avec toi Anne-Laure), le Kawah Ijen culmine à 2400m. Bien qu'en repos pour le moment, il connait quelques soubresauts depuis 2003. Ce volcan est le principal centre d'exploitation de soufre de toute l'Indonésie. Peut-être certains d'entre vous en ont déjà entendu parlé. En effet, si vous croisez des touristes sur ses pentes, il y a fort à parier que ceux-ci sont Français. Nicolas Hulot et les époux Kraft ont fait connaitre le volcan au grand public. Ainsi, lorsque j'apprends à deux porteurs que je suis Perancis (Français), ceux-ci me parlent de Nicolas Hulot, de sa venue, pas mal comme clin d'œil ! [D'ailleurs avez-vous vu le sien ? sinon cliquez ]
Le Kawa (pour les intimes et parce qu'il est au cœur des plantations de café), en dehors de sa beauté, vaut le détour pour y rencontrer les hommes qui travaillent dessus. Sur ses pentes, ceux-ci acheminent dans de lourds paniers le souffre extrait du cratère. Le soufre sort à l'état liquide à 120?C, puis se refroidit. En bas des tuyaux de récupération, des hommes collectent le soufre dans une atmosphère irrespirable, emplie de vapeurs sulfureuses. Quant aux porteurs, ils chargent en moyenne entre 60 et 80 kilos dans leurs paniers à balancier avant de gravir les pentes du cratère et de redescendre les flancs du volcan jusqu' au campement où l'on pèse la « cueillette ». Le soufre est ensuite vendu à une coopérative et servira au raffinement du sucre. Ne me demandez pas comment, je suis géographe pas chimiste ! Les porteurs reçoivent 250 roupies par kilo et peuvent ainsi espérer gagner 40000 roupies par jour, ce qui n'est pas si mal en Indonésie : 3 euros… No comment. Inutile de vous dire que la pénibilité de ce labeur affecte directement leur espérance de vie, utile de vous dire que je les ai filmé qui chantaient en montant leurs paniers… De la même façon, en dehors de notre troc cookies/bout de soufre, l'échange de sourires n'était pas en reste. Pensez à eux demain matin en vous réveillant, le poids de la vie vous semblera plus léger, que leur fardeau.
2 jours plus tard, je me rends au Volcan Bromo qui fume continuellement. Ce n'est pas bon pour la santé, mais bon c'est son problème et je crois qu'il s'en moque. En arrière-plan, le Semeru (3676m) en est incommodé et, environ toutes les demi-heures, celui-ci « tousse » un gigantesque nuage de fumée. Assez parlé, le spectacle invite à la contemplation et au silence…

 

 

Mercredi 25 Juin 2008

J+241 Yogya, des temples en veux-tu, en voilà…
Tout doucement, on quitte la douce torpeur des campagnes de Java pour le tumulte, pour ne pas dire la folie, de ses villes. Yogyakarta est notre première étape urbaine. La cité compte plus d'un million d'habitants, ce qui offre déjà un joyeux folklore. Pour le côté folklore je pense d'ailleurs avoir été servi pendant ma visite de Yogya ! J'ai commencé par la visite du marché aux oiseaux. J'y ai croisé effectivement de jolis volatiles, plus ou moins beaux, plus ou moins entassés. J'y ai aussi aperçu quelques chauves-souris, des chiots, des petits singes, des geckos… Ils ne sont pas là pour trouver un maître attentionné malheureusement, mais plutôt pour le repas de certains… Je sais. Il parait même que les chauve-souris, bien préparées, seraient excellentes pour l'asthme. Cela m'a fait tousser !
Sorti de là, j'emprunte un becak pour continuer ma visite de la ville. Le becak, c'est un cyclo-pousse, une institution à Yogya qui en compte plus de 12000 ! Le conducteur, haut perché sur sa selle, vous emmène tranquillement mais absolument pas sûrement où vous voulez, respectant le code la route indonésien : je roule où je peux, j'ai pas de phare et je suis à contre sens… Sensations fortes garanties ! Il n'empêche que je trouve ce moyen de transport tout à fait adapté pour la ville. Il est non polluant et permet aux conducteurs de gagner un peu leur vie. Le soir, j'assiste à un fabuleux spectacle de wayang kulit. Il s'agit d'un théâtre d'ombres avec des marionnettes qui sont, au préalable, réparties de parts et d'autres d'un grand écran selon qu'elles font partie des méchants ou des gentils. Pourvu que les méchants perdent et que les gentils gagnent ! Un gamelan (orchestre) accompagne le dalang (montreur). Celui-ci est assis en tailleur sous une lampe dont la lumière va réfléchir les ombres et créer toute la magie du spectacle. Bon ok, c'était super ennuyeux, voire soporifique, prochain coup je vais voir Guignol. Je m'identifie plus au personnage.
Au centre de Yogyakarta, j'ai pu découvrir le kraton, le palais du sultan. Eh oui, Yogya est une cité royale ou sultane comme vous voulez. Hamengkubuwono X (ah oui d'accord…), est ainsi le digne héritier d'une grande lignée et si celui-ci n'a pas de fonctions politiques réelles, il exerce un réel pouvoir au niveau local et parfois national. Son père, joua un rôle prépondérant pendant la lutte d'indépendance de l'Indonésie, lui comme son fils sont aimés du peuple.
Avec tout ça, j'en oublierais presque mon « en voilà… ». M'en veux-tu ? Merci. Les alentours de Yogya abritent deux temples majeurs : Prambanan, l'hindouiste et Borobudur, le bouddhique. Ce serait un peu long de vous en parler plus en détails ici. Simplement, ces deux géants ont étés construit au IX ème siècle, à une époque où la France ne comptait pas encore une seule cathédrale. Les deux religions conquérantes venues de l'Inde, essayèrent ainsi de mettre la mainmise sur Java et d'asseoir leur religion. Le bouddhisme évincé, les dieux hindouistes s'installent pour un temps dans les cieux javanais. Au XVème siècle, l'expansion foudroyante de l'islam aura raison de ces derniers qui se retranchent alors dans les cieux de Bali. Si Prambanan est le plus important temple hindouiste d'Indonésie, Borobudur lui ravit la vedette en étant le plus grand monument bouddhique au monde ! J'aimerai vous en dire d'avantage mais des livres entiers traitent du sujet, difficile de résumer les préceptes et les réalisations de ces croyances religieuses. Par exemple, juste pour la photo. Chaque « terrasses » du temple de Borobudur est ornée respectivement de 32, 24, et 16 stûpas ajourés (en forme de cloche, symboles du Mont Merou). Chaque stûpa est percé d'une série de petites ouvertures en forme de losange et abrite une statue de Bouddha dont la position des mains varie d'un stûpa à l'autre selon l'orientation. A l'Est, Bouddha a la main dirigée vers la terre, ce qui signifie qu'il prend celle-ci comme témoin. Vers l'Ouest Bouddha médite les mains jointes. Vers le Sud, il est dans l'attitude de la charité, la main droite sur le genou. Troublant quand on pense à ceux qu'on nomme « les pays du Sud ». Enfin, vers le Nord il est dans l'attitude de celui qui dissipe la peur. Vous voyez, c'est plutôt riche en symbolique, je vous parle des bas-reliefs ? Non. D'ailleurs, ici comme en France, ce sont les vacances scolaires alors finie la leçon. Allez donc jouer dehors. Oui, oui, les grands aussi, il y a un beau soleil aujourd'hui (si ce n'est pas le cas c'est que tu n'as pas choisi le bon jour pour me lire, voilà tout). Alors bonnes vacances à tous les écoliers, les collégiens, les lycéens et leurs équipes pédagogiques et… « Scout toujours », pas « scoot toujours », utilisez vos gambettes, ça sauve la planète ! Oh c'te final !

 

Dimanche 29 Juin 2008

J +245 Portraits urbains
Voici le deuxième volet de notre thema « portraits d'Indonésie ». Avant de gagner la capitale indonésienne, je fais halte à Bandung, une petite bourgade de 3 millions d'habitants à 3h de Jakarta. Deux raisons m'amène dans cet important pôle étudiant. Tout d'abord, j'ai promis de rendre visite à trois Sundanaises rencontrées à Bali. Elles ne le savent pas encore mais je compte bien les mettre à contribution pour me servir d'interprètes et d'assistantes. Bah tiens, il s'embête pas celui-là ! Ensuite pour ceux qui se sont intéressés à leurs cours d'histoire-géo, Bandung devrait normalement vous évoquer quelque chose. Ok, je vous rafraîchis la mémoire. Au lendemain de la conférence de Genève qui, en 1954, met fin à la guerre d'Indochine, les nouvelles puissances asiatiques veulent accélérer le processus d'indépendance. Nous sommes alors en pleine guerre froide, le monde est bipolaire mais pas dans son acceptation géographique Nord/Sud mais plutôt politique : Est/Ouest. Une troisième force, lasse du conflit et de décennies ou de siècles d'occupation voit le jour : les non-alignés. Sous l'égide de Sukarno mais aussi de Nehru (Inde), Nasser (Egypte) et Zhou Enlai (Chine), la Conférence de Bandung se tient du 18 au 24 avril 1955 et, pour la première fois dans l'Histoire, réunit les représentants de 29 pays africains et asiatiques. Cette conférence marquera l'entrée sur la scène internationale des pays du Tiers Monde. [Un grand merci aux responsables du musée qui en plus de m'offrir une visite privée fort intéressante, m'ont permis d'utiliser des photos d'archives à l'instar de celle ci-jointes]
Le lendemain, comme promis, je rejoins Kinkin et Shinta (Novi nous rejoindra plus tard) et nous partons en interview. Je m'arrête sur un gamin de la rue : Iwan. Celui-ci s'assoie sur le marche- pied du bemo (minibus) et entonne une chanson en nous présentant un petit papier photocopié qui explique le pourquoi de son action. Il me rappelle Jean-Pierre à La Paz, en Bolivie. Iwan a 12 ans, il chante ainsi pour récolter quelques pièces de sa propre initiative. Cela lui permet d'acheter des affaires d'école et parfois d'aider les difficultés financières de ses parents qui ont 6 enfants à charge. Ceux-ci travaillent aussi. Sa maman est aide ménagère et son papa collecte les plastiques, les cartons dans les déchets pour les revendre ensuite au kilo, donnant une deuxième vie à ces détritus qui jonchent partout le sol des grandes villes du Tiers Monde. Iwan est un très bon élève, il est troisième de sa classe. Plus tard, son rêve est de devenir Président. Je lui souhaite de réaliser ce rêve. Ce n'est pas mon gamin mais je suis fier de lui quand même.
Je pars au petit matin pour Jakarta où m'attendent, je le sais, d'autres réalités crues. Pas dur de savoir que l'on se rapproche de la plus grande ville d'Asie du Sud-est, à plusieurs kilomètres du centre, on plonge dans un nuage de pollution impressionnant, me voilà parti pour 48h d'apnée. Je commence par une visite classique de la ville et de ces centres d'intérêt. Devant l'imposant monument national où se pressent une foule de visiteurs, je rencontre des étudiants qui me demandent mon avis sur les violences à l'école en Indonésie. Apparemment c'est chose courante que les professeurs utilisent la manière forte. Je leur dis qu'en France c'est plus souvent le contraire, ce qui forcément ne manque pas de les étonner. Encore que je pense qu'ils ne m'aient pas vraiment pris au sérieux. Je visite ensuite l'immense mosquée Istiqlal. Achevée en 1978, comme beaucoup d'accomplissements remarquablesJ, elle peut d'après mon guide imposé, accueillir 77000 pèlerins pour la prière ! C'est encore plus gros que la chapelle de Frère-Jo (ça faisait longtemps). Cela peut sembler beaucoup mais compte tenu de l'ampleur du monument, c'est envisageable, et puis le premier pays musulman du monde méritait bien un tel fer de lance. La salle des prières s'élèvent ainsi sur 5 étages et que dire du tambour utilisé pour appeler les fidèles à la prière. Ils ne m'ont pas laissé utiliser leurs percus, je m'en suis donc allé.
Le lendemain, j'entreprend de me rendre au vieux Jakarta (ex Batavia) et plus précisément au port de Sunda Kelapa, où les marins Portugais puis Néerlandais ont débarqué, où tout a commencé. Je suis autorisé à monter sur un des nombreux bateaux bugis amarrés le long du quai. Ceux-ci sont construits non seulement sans plan dessiné, mais aussi sans clou (ceux en photo sont de simples pirogues). Ce qui m'intéresse le plus c'est de voir comment ces hommes et leurs familles vivent au quotidien. Je prends donc le chemin de leur village à deux pas. Mes parents vont encore s'amuser de savoir que je marche alors sur les traces d'une de leurs deux émissions préférées. Si au Kawah Ijen, on m'avait parlé de Nicolas Hulot, voilà qu'on me parle ici de Georges Pernoud (Thalassa) ! Là, je découvre le vrai Jakarta, loin des fastes des grands centres commerciaux ou des buildings du centre-ville et au plus près de la réalité des millions d'habitants de la capitale. Des baraquements incertains surplombent le cours de monceaux d'ordures. Je vous laisse regarder les photos qui parlent d'elles-même. Et bien, même là, les habitants répondent à mes sourires, mes « pagi ! » (bonjour). Je tire un grand coup de casquette au peuple indonésien pour son accueil, sa gentillesse. L'Indonésie s'annonce d'ors et déjà comme un coup de cœur de ce grand périple…