Visites
 

Vendredi 15 Février 2008

J+110 Parque Nacional Torres del Paine
Après un passage de frontière enjoué où les douaniers argentins tamponnent nos passeports au rythme des chansons de Shakira, nous quittons à regret la Terre de Feu en traversant le fameux détroit de Magellan. Nous arrivons après un long et fastidieux trajet en bus à Puerto Natales, dans la province d'Ultima Esperanza (Dernier Espoir). On imagine assez bien la détresse des pionniers qui baptisèrent ces terres de cette manière ! Il s'agit en fait de notre deuxième étape chilienne, nous avions passés 3 jours à San Pedro de Atacama au Nord au tout début de l'année, les cachottiers ! La ville est le QG de tout ceux qui préparent leur excursion au sein du parc national.
Chemin faisant, nous passons aux abords de grands ranchs où l'on peut admirer le travail des gauchos (les cow-boys patagons). Ces ranchs jouxtent d'immenses propriétés ou estancias : domaines où se pratique l'élevage extensif de bovins ou d'ovins.
Surplombant la steppe patagone, les torres ou tours de Paine sont de spectaculaires pics rocheux qui dominent le paysage de ce que beaucoup considèrent comme le plus beau parc national d'Amérique du Sud. Au programme : forêts émeraudes, rivières grondantes, glaciers scintillants et lacs azurs... Le parc est gigantesque, on peut y randonner plusieurs semaines sans revenir sur ses pas. Nous observons à loisir une pléthore de guanacos, grand succès du parc en termes de conservation. Nous croisons aussi en chemin des renardeaux qui, malheureusement, ne s'effraient guère de nous, habitués à recevoir quelques nourritures de touristes inconscients. Nous surprenons l'envol d'un bel aigle, tête haute, le prince des cimes à fière allure. Le Chili s'offre à nous dans toute sa splendeur. Que dire de plus ? Rien. Simplement profiter du spectacle qui s'offre à nous, à vous...

 

Jeudi 21 Février 2008

J+116 Chiloé
Dans la version « même pas peur », nous avons pris un bus pendant 40h pour gagner cette deuxième étape au Chili. Non, en vérité, c'est 40h d'un trait plus 12h depuis Bariloche (Argentine) pour atteindre l'archipel de Chiloé, une broutille. 10 jours après, je commence même à déplier un peu les jambes.
Si l'on accepte une certaine distorsion géographique, Chiloé est à mi-chemin entre les Vosges et la Bretagne, ouais... Hors de l'espace, elle semble aussi hors du temps et je déplore de ne pouvoir y rester plus longtemps pour me faire conter par un vieux loup de mer la fascinante mythologie chilote. Les sorcières, gnomes et autres nymphes sont aux avant-postes et que dire d'Invuche ? Garde grotesque, cet ancien humain qui vit dans une grotte a été kidnappé puis défiguré : on lui fit tourner la tête à 180 dégrés, on lui attacha une jambe dans le dos et cousa un bras sous la peau. Si vous croyez l'avoir aperçu... consultez ! Vous l'aurez compris, il y a de la magie sur Chiloé. Dans ses ports brumeux, les vieux rafiots de pêche semblent comme abandonnés à marée basse. A marée haute, ils viennent s'amarrer aux jolies bicoques qui font tout le charme de Chiloé : les palafitos. Ces maisons en bois que l'on trouve au bord de l'eau, sont construites sur pilotis, leurs toitures sont en bardeaux, comme Brigitte ; sur la plage, abandonnées...
Sans être amateurs d'art religieux, force est de constater que les quelques 150 églises et chapelles qu'on dénombre sur l'archipel valent le détour. Celles-ci pratiquemment toutes bâties sur le même plan : tour unique, toits inclinés, entrée voûtée et bardeaux sculptés (ah Brigitte), ont surtout la particularité d'être en bois.
Sur l'île Quinchao, au marché artisanal, nous apprenons les noms des spécialités locales comme ces algues alimentaires en photo : cochayullo, qui font partie intégrante de l'alimentation des insulaires mais pas seulement, hum ! Non, vraiment, merci, un petit Chili con carne fera l'affaire…

 

Samedi 23 Février 2008

J+118 Valdivia
Chemin faisant vers Valdivia, j'apprends avec stupéfaction de Mélanie que le pop-corn, c'est juste des grains de maïs avec du sucre: la révélation! Et toutes ces années de doute... Arrivés à Valdivia, on découvre une étrange faune locale : quasiment tous les jeunes ados que l'on croise semblent sortis tout droit d'un album des Cures ou de Tokyo Hotel pour ce qui est de la nouvelle génération des groupes grungy-fashion-victim. Etonnant. Et des jeunes grungy, il y en a par dizaines de milliers, tous viennent assister à la plus grande fête de l'année : la noche valdiviana. On en reparle plus tard. Avant de prendre notre bain de foule nocturne en nous plongeant dans la « sabado noche fievre », nous faisons une jolie promenade en bateau pour aller visiter des fortifications espagnoles du XVIIème. La ville a une situation peu commune, elle est entourée de 3 rivières comme Rhum en Italnique (bravo à ceux qui comprendront). Située au fond d'un estuaire donnant sur l'Océan Pacifique, on comprend que les Espagnols aient doté la cité d'un imposant système de fortifications. En fin d'après-midi, on assiste à une reconstitution historique plutôt burlesque. De jeunes « comédiens » figurent des batailles entre Espagnols et Chiliens, l'élan patriote fera oublier aux spectateurs la médiocrité de la prestation. Le soir, au programme de la noche valdiviana, un joli défilé de bateaux décorés, version St Nicolas flottante suivi d'impressionnants feux d'artifices. Avant le défilé, des bénévoles déposent sur le fleuve une myriade de bougies flottantes. Lentement, en chancelant, celles-ci descendent son cours, comme un millier d'étoiles que l'on retrouve aussi dans les yeux des petits, et des grands...

 

Lundi 25 Février 2008

J+120 Pucón - Volcan Villarica
Nichée entre un lac azur et un parfait cône volcanique, la charmante petite ville de Pucón a de quoi ravir plus d'un visiteur. Sauf qu'il faut être inconscient, fataliste, optimiste et fou à la fois pour vivre dans l'ombre grondante et fumante de ce géant de 2847m toujours en activité. Ce gigantesque cône basaltique est un volcan violent. L'éruption de 1971 par exemple, ouvrit une fissure de 4 km de large d'où jaillirent quelques 30 millions de mètres cubes de lave. L'une des coulées faisait 14km de long pour 200m de large et 5m de haut ! Ce n'est cependant pas les coulées de lave qui firent des victimes lors des 4 grandes éruptions du volcan mais bien les coulées de boues. L'éruption provoque la fonte des glaciers et des torrents d'eau mêlée de terre dévalent la montagne.
Optimiste et fou, voilà bien deux aspects de ma personnalité, je me devais donc d'aller voir le géant de plus près. Départ à 3h30, nous commençons l'ascension une heure plus tard. La veille, des chutes de grosses pierres ont effrayés un groupe qui entreprenait l'ascension, du coup il est préférable de partir de bonne heure, pour avoir des conditions optimales. Après une heure et demi de marche sur un sentier poussiéreux au clair de lune, nous faisons une première halte pour admirer le lever de soleil sur les vallées en contrebas, magique. Puis, nous chaussons les crampons, nous nous armons de nos piolets et ainsi parés nous nous lançons sur les pentes du glacier, l'occasion d'observer d'impressionnantes crevasses. Nous abandonnons les crampons et une petite demi heure de plus nous conduit au sommet. Là, la surprise est de taille, le cratère est un immense gouffre béant et fumant. L'air est empli des émanations de souffre et autres gaz toxiques qui s'échappent du cratère et des cheminées annexes. Quel spectacle! La descente est plus rapide, mais toujours ponctuée de "rock" ou "piedra", chaque fois qu'une pierre vient à dévaler la pente. Et pour gagner le bas du glacier, quoi de mieux que de se laisser glisser dans des toboggans naturels? Comme dirait Brice: "ça farte!".

 

Mercredi 27 Février 2008

J+122 Valparaíso
"Valpo" comme la nomment les Chiliens, a tout de la ville bohême : rues escarpées, bicoques branlantes multicolores, fresques murales à chaque coin de rue… la ville a une âme. Beaucoup lui préfèrent les charmes clinquants et mondains de sa voisine Viña del Mar, et pourtant quel cachet ! D'un centre-ville plat, les ascensores (funiculaires) centenaires se hissent en grinçant vers le vrai Valparaíso : les cerros. C'est en parcourant ces collines que l'on découvre véritablement la cité. C'est aussi là, malheureusement, que se trouvent quelques uns des bidonvilles les plus pauvres du pays. Il s'agit d'un enchevêtrement de ruelles, d'escaliers et de baraques aux tons vifs où les gamins jouent au ballon, où les ados se rejoignent pour rêver, en contemplant la vie du port en contrebas. Nous rencontrons d'ailleurs trois demoiselles : Nathalia, Katherine et Genesis, que nous interviewons pour les besoins du film. Agées de 14 à 16 ans, lorsqu'on les interroge sur leur avenir, toutes trois rêvent simplement de fonder une famille après avoir poursuivit leurs études. Qui a dit que les jeunes n'avaient pas la tête sur les épaules ? [Esperamos que estan bien, gracias de nuevo, con cariño Denis et Mélanie].
L'effervescence qui règne dans le port est impressionnante, le va-et-vient des bateaux et des camions est incessant. Bien que San Antonio soit désormais le port le plus important du pays, Valparaíso reste un important centre de commerce maritime et la présence manifeste de la Marine joue encore un rôle considérable dans son économie.
Nous visitons également la maison du célébrissime poète chilien Pablo Neruda. Sur les hauteurs de « la perle du Pacifique » (Valpo), on comprend que ce prix Nobel de littérature pouvait y trouver l'inspiration et la quiétude nécessaire à son art. Je serai presque partant pour racheter la petite bicoque, faut voir…

 

Vendredi 29 Février

J+124 Santiago
Baignée par le smog (nuage de pollution), mais aussi d'une atmosphère européenne et culturelle, avec plus de 4,5 millions d'habitants, la capitale du Chili n'a néanmoins pas le charme de sa voisine Argentine: Buenos Aires. Encore que… les cafés con piernas (littéralement cafés avec jambes), véritable institution à Santiago, pourraient me faire mentir. Dans ces établissements, des serveuses en tenue plutôt sexy apportent leur café à une clientèle d'hommes d'affaires d'âge moyen. Aussi curieux que cela puisse paraître à un étranger, cela fait partie intégrante de la journée de travail de nombreux businessmen chiliens qui se plongent tantôt dans leur quotidien financier, tantôt dans le décolleté d'une de ces créatures de rêve. [Holá Leslie, esperamos que estas bien gracias por tu amabilidad Denis y Mélanie.] Le concept peut sembler étrange, il n'empêche que c'est toujours plus sympa que chez Pierrot Pépère à Xoulces pour ceux qui connaissent. Mis à part cette excentricité, la capitale chilienne comprend tous les grands classiques des grandes villes sud-américaines: la plaza de armas et ses joueurs d'échecs, une course effrenée des immeubles de grandes firmes qui grattent le ciel, des rues commerçantes thématiques du genre 35 boutiques d'opticiens quasi contigües... la ville quoi.
Nous prenons le déjeuner au restaurant La Bohême, dans le charmant quartier Bellavista. C'est succulent, et pour 2900 pesos, qui s'en priverait! Ah oui, ça fait moins de 5 euros... Puis, nous empruntons le funiculaire pour rejoindre le sommet du Cerro Cristobál qui surplombe Santiago. En contemplant la cité, nous tentons de nous remémorer nos 4 premiers mois de voyage, profitant de ces derniers instants sur le continent américain. Déjà, nous rêvons à la prochaine étape, celle qui nous ménera sur "l'île du long nuage blanc": la Nouvelle-Zélande. Un long voyage au-dessus du Pacifique mais aussi à travers le temps nous attends. Nous ne connaitrons pas le 1er mars cette année. Dévorant les fuseaux horaires, nous allons franchir la ligne de changement de date. Armez vous d'un bon globe terrestre et d'une certaine disposition intellectuelle (inutile de réfléchir à cela au saut du lit...) et vous verrez que je ne raconte pas que des idioties, parfois. Nous vous remercions de votre fidélité et vous donnons rendez-vous très prochainement pour la suite de notre périple, en Océanie...