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Vendredi 26 Septembre 2008

J+333 Kolkata, "la cité de la joie" et de la misère…
Premier réveil sur Kolkata (ex Calcutta), ma « chambre » (un vrai taudis) donne sur un toit-terasse et voici la première photo que je prends en Inde : cette fillette qui, sur le toit voisin, semble me faire signe que mon voyage en Inde s'engage sous de bons auspices. Hier, en faisant le trajet depuis l'aéroport jusque mon « hôtel », j'avais beau y être préparé, la vue de tous ces gens qui dorment, vivent et meurent sur le trottoir, m'a quand même remuée. De toute façon, rien ne prépare à l'Inde. C'est un condensé de tout ce que l'on connaît dans d'autres pays pauvres et à la fois c'est totalement différent, bref, c'est pour cela que je suis là ! Et puis, Kolkata pour commencer, on peut dire que c'est une sacrée entrée en matière ! 15 millions d'habitants dans un univers de sueur, de pollution et de misère. Certes ses habitants n'aiment guère cette image de pauvreté qui colle à la peau de la deuxième ville du pays. Mais les centres commerciaux climatisés, les cafés huppés ou la richesse décrépie des édifices coloniaux ne parviennent pas à effacer la misère du plus grand nombre qui s'affiche à chaque coin de rue. Je ne suis pas à Kolkata pour visiter le jardin botanique ou, comme le suggère mon guide de voyage, le cimetière de Park Street « ultime demeure de colons anonymes ou célèbres », franchement... Non, merci, j'aime autant passer du temps avec des locaux, anonymes et vivants. Ainsi, durant mon séjour dans cette petite bourgade tranquille (oui, c'est ironique !), je ne fais rien d'autre que me perdre, pour mieux sentir la ville. Il est toujours temps à la nuit tombée de prendre un taxi pour rentrer. En me baladant, j'échange avec quantité de gens. Rien de tel que de partager un chai en poursuivant la conversation, c'est une véritable institution en Inde et c'est en plus délicieux.
[chai : thé noir ou vert auquel on ajoute du lait, des épices et du sucre]
C'est ainsi que je fais la rencontre de Siara (en photo avec moi) et de sa famille. Ils vivent comme beaucoup sur le trottoir. Lorsqu'il pleut, c'est-à-dire tous les jours et c'est des trombes d'eau, ils se réfugient sous une grande bâche plastique. La cuisine, la toilette, tout se passe ici. Croyez-moi ou non mais encore une fois, les 2 petiots, son fils et sa nièce (photo) ne font pas la gueule… Même si Siara et sa sœur ne peuvent bien évidemment pas être heureuses de leur condition, elles n'en demeurent pas moins souriantes et accueillantes. La police les ennuie parfois, pour les déloger, mais où aller ?
Dans une semaine a lieue la plus grande fête de l'année à Kolkata : la Durga Puja. A cette occasion, on confectionne des statues aux vives couleurs dédiées à la déesse Durga et à son entourage. J'essaierai d'y assister si possible mais compte tenu du bazar ambiant qui règne dans la ville sans même qu'il y ai un évènement spécial, je ferai mon possible. Oui, parce que mes amis : quel joyeux bordel ! L'anarchie insensée qui anime chaque artère de la cité, petite ou grande, est difficilement descriptible avec des mots. Donc, je me tais (facile celle-là). Bon ok, un petit effort. Si les vaches sacrées détournent la trajectoire des rickshaw-wallahs, les troupeaux de moutons qui traversent les grands boulevards ne manquent pas de donner l'occasion aux taxis de jouer du klaxon.
[rickshaw-wallahs : chariotte pouvant accueillir de 1 ou 2personnes tirée par un homme, pieds nus)]
Je ne connais d'ailleurs aucune ville avec autant de forcenés du klaxon. La pollution, le bain de foule inévitable, les odeurs parfois douces mais souvent pestilentielles, le niveau sonore, la chaleur moite… sont autant d'éléments qui apparentent votre promenade dominicale à un trek extrême.
J'ai aussi profité de ma visite à Kolkata pour découvrir quelques centres de Mère Teresa. Si cette petite grande femme est bien connue pour avoir fait du don de soi, la logique de toute une vie, je reprendrai la maxime d'une autre petite femme que je connais bien et qui dit : « Tout le monde peut donner un peu de soi pour les autres. » Imparable. A vous de jouer…

 

Mercredi 01 Octobre 2008

J+338 Darjeeling – Que la montagne est belle…

Pour rejoindre cette étape rafraîchissante, j'ai emprunté le « toy train », littéralement : le train jouet. C'est vrai qu'on a le temps de s'amuser à la vitesse où il arpente les collines : 88kms > 9h ! Bon, en même temps, c'était un peu le but : profiter des paysages. Et puis Darjeeling est tout de même perchée à plus de 2000m d'altitude, donc bravo le ti Tschoûtschoû !
Si je vous dis Darjeeling, tout de suite vous me dites : « hein ?! ». Bon, mais après, en réfléchissant un peu ça vous évoque bien quelque chose ? Je sais pas moi, les goûters chez tata Ginette... Oui, c'est vrai, y avait toujours des Rems et des Roudors, allez, va pour les Nonettes, on sera quitte. Et en plus, chez Ginette, immanquablement, il y avait... le thé !! On cultive ainsi ici, sur une surface hallucinante, un quart du thé indien et des thés qui figurent parmi les plus grands crus mondiaux. Cependant, je ne m'étenderait pas plus, ce n 'est pas ma tasse de ... D'ailleurs après avoir pris quelques plans, j'avoue que je suis vite passé à autre chose, et pour cause. Si le temps me rapelle tristrement celui de mes souvenirs climatiques vosgiens, j'ai envie de tenter ma chance et de partir pour un trek d'une cinquantaine de bornes longeant la frontière népalaise et celle de l'Etat voisin du Sikkim. Si les éléments jouent en ma faveur, j'aurai l'opportunité de contempler la chaîne himalayenne. Autant vous dire que ma décision était prise avant même de songer à y réfléchir.
Et bien encore une fois, comme me l'on dit les habitants, j'ai été « lucky », Luc. Je ne crois pas avoir besoin de disserter sur le sujet, les photos en parlent mieux que moi. En tout cas, quel bonheur ! Dieu (celui qui vous convient) que c'est beau ! Rien n'est plus beau que notre planète. Après onze mois de voyage, je peux vous dire que je ne suis pas lassé. Seul, devant l'Himalaya qui rougeoie avec les derniers rayons du soleil, rien ne manque, c'est la plénitude... Je souhaite à toutes celles et tous ceux d'entre vous de vivre de pareils instants. Ce peux être à deux pas de chez vous bien sûr, enfin un peu plus loin quand même...
J'en profite aussi pour goûter aux spécialités locales. Si le « dry cheese » ne me fait pas plus d'effet que notre bon vieux munster fermier, le pain tibétain accompagné d'une petite confiote et d'un bon chai m'ont offert un petit-déjeuner de roi. Quant au yak, c'est un peu de la « chgnak », mais vu la taille de la bestiole, je n'irai pas lui dire...
[dry cheese : « fromage sec » en photo, suspendu au plafond pour sécher, pain tibétain : semblable à nos délicieux beignets de carnaval en un peu moins gras, hum ! chnagk : mot vosgien désignant une viande peu tendre (j'entretiens mon vôsgien pour communiquer avec les autochtones à mon retour =)]
Je ne vous énumérerai pas les noms des sommets que vous pouvez admirez en photo. A l'heure où je rédige ce texte, je rentre dans 3 semaines. Avant cela, j'aimerai vous permettre une fois encore de participer à un petit jeu...
Parmi les photos, figurent 4 des 5 plus hauts sommets au monde : lesquels ? La première bonne réponse reçue gagne un DVD « Voir plus loin », les 2e et 3e empochent un chèque de.. non quand même... un calendrier « Voir plus loin ». Indice : l'essentiel des photos de sommets sont prises depuis le Mt Sandakphu (3636m), Parc national Singalila, frontière Népal/Inde. En espérant que vous serez nombreux à participer, bonne chance !

 

Lundi 06 Octobre 2008

J+343 Varanasi la sacrée…
Autrefois appelée Bénarès et Kashi (cité de la vie), Varanasi, rebaptisée des fleuves Varuna et Asi qui se rejoignent ici, a toujours été un lieu sacré. Elle compte d'ailleurs parmi les plus anciennes cités au monde. Ici, on vient observer la vie des ghats, longs chapelets de marches à ablution qui descendent jusqu'au fleuve le plus sacré au monde : le Gange.
Levé pour le levé, j'embarque sur une barque. Du bon pied, je mets pied à terre n'ayant pas le pied marin. Tout le monde est à pied d'oeuvre. Les uns se lavent les mains, les autres... les pieds. Quoiqu'il en soit, tout le monde met au moins le pied à l'eau, voire jusqu'au cou et ce, même habillés des pieds à la tête. Même si ça semble être le pied, la toilette dans le Gange, c'est pas la panacée, il est trop pollué ! Les associations auront bon se prendre la tête et faire des pieds et des mains, les Indiens n'en feront qu'à leur tête. C'est sacré. Ils ne feront pas de pieds de nez au dandis venant leur expliquer mais dandideneront la tête comme à l'accoutumée. Leur culture est à contre-pied, inutile de vouloir la prendre en main. Je ne vous fais pas de dessin, ici le destin prend le pas sur tout dessein.
- « Eh Manu ! Tu descends ! »
- « Euh, pourquoi faire ? En plus j'ai mal au genou...»
Oups, j'ai dérapé. Comme il est d'ailleurs possible de le faire dans les étroites ruelles sur les déjections des non moins sacrées vaches qui se prélassent au soleil, un peu partout dans la ville. Certains se disent, cette fois-ci, il est temps qu'il rentre, il va mal. Que voulez-vous, l'Inde est une folie contagieuse.
En dehors de la toilette, les Indiens hindous viennent accomplir une puja (offrande). On trouve ainsi beaucoup de vendeuses de fleurs aux abords des ghats. Sandhya, 10 ans, se lève très tôt chaque matin pour proposer ses petites bougies flottantes avant d'aller à l'école. Elle aide sa maman dans son commerce.
Ici, se côtoyent les rites les plus intimes de la vie et de la mort. Ma guesthouse se trouve ainsi près du principal ghat de crémation, sympa, je ne savais pas... D'immenses tas de bois s'empilent au sommet du ghat. Les corps, recouverts d'un linge, sont transportés à travers les ruelles de la vieille ville sur des brancards de bambou par des hors-castes, appelés dom. Ils sont ensuite plongés dans le Gange avant la crémation. Les femmes enceintes, les bébés, et certaines castes n'ont pas droit au bûcher et l'on jette les corps au milieu du fleuve. Je l'ai appris à mes dépends après 5mn de barque. « Body » me dit le batelier. Je peux vous dire que ca fait une drôle d'impression...
Eh oui… l'Inde réserve bien des surprises. Elles sont pour l'essentiel agréables. Ainsi, cette rencontre avec ce vieux monsieur. Alors que j'allais pour acheter un petit chai, il m'a offert de petits gâteaux secs. Très érudit, il m'a fait part aussi d'une histoire qu'il avait écrite, un fabuleux comte philosophique. Ses yeux brillaient comme ceux d'un enfant et son sourire en avait la jeunesse. En le quittant, mes yeux brillaient aussi…

 

Jeudi 09 Octobre 2008

J+346 Bandhavgarh National Park: sur les traces de Shere Khan…
Qui n'a pas été enchanté par les histoires du « Livre de la Jungle » ? Mowgli et Baloo fuyant à travers la jungle, poursuivis par les griffes acérées du méchant Shere Khan… Là, c'est plus Denis et Schkroumpf, et pour l'occasion, c'est nous qui poursuivons le tigre ! Il n'en reste pas moins que le fabuleux roman de Rudyard Kipling pourrait être inspiré du cas d'un enfant loup rapporté en 1831 dans la région.
Nous sommes à l'Est de l'Etat du Madhya Pradesh. Si, toutes proportions gardées, le parc abrite une importante population de tigres, on y trouve également une grande variété d'oiseaux (calao, martin-pêcheur, painted stork = littéralement : cigogne peinte [en photo], etc…) et de mammifères (cervidés, singes [en photo : Hanuman Langur], sangliers…). Parmi ceux-ci, beaucoup ne rencontrent le tigre qu'une seule fois : la dernière.
A l'époque des maharajas, le parc n'était ni plus ni moins qu'un terrain de chasse. Ainsi, à lui seul, le maharadja Raman Singh a massacré plus de tigres que n'en compte le parc actuellement : il en a tué 111 ! Fort heureusement, la tendance a basculée. En 1973, débute le « Tiger Project » (ce n'est pas un Rocky). L'Inde compte alors 1800 tigres. En 35 ans, les efforts engagés ont porté leurs fruits et aujourd'hui, on recense plus de 4000 tigres sur le sous-continent : un résultat très satisfaisant.
Si les mahouts sur leurs éléphants parviennent à pister un tigre, nous rejoignons l'endroit en jeep (non, pas à pieds). Arrivés sur place, si le tigre est toujours là, il est temps de grimper à dos de pachyderme pour approcher le fauve, là où les jeeps ne peuvent pas passer. Ce qui permet en outre de ne pas stresser l'animal et le faire fuir de surcroît.
La photo est malheureusement floue mais je n'ai pas eu la latitude de lui demander de bien vouloir poser en dehors des fourrés. C'est un petit, enfin, un jeune tigre quoi. Sa maman n'est pas loin et veille attentivement. J'aurai aimé une rencontre plus impromptue, mais c'est affaire de chance et je suis déjà bien heureux d'avoir pu en observer dans leur milieu naturel. Un Français qui partage ma jeep me raconte l'histoire d'une voyageuse qui s'était retrouvé en tête à tête avec un tigre. La pauvre à passée 24h dans un état de semi folie, à trembler de tous ces membres. Quand un tigre vous regarde, c'est quelque chose d'assez incroyable, magnifique et paralysant...

 

Samedi 11 Octobre 2008

J+348 Agra, pour dire je t'aime…
Si le nom de cette ville ne vous dit rien, il y a fort à parier que vous connaissez tous son principal monument : le Taj Mahal ! Considéré par beaucoup comme le monument le plus extravagant jamais bâti par amour, ce mausolée moghol est devenu l'emblème touristique de l'Inde. Quelle est donc l'histoire de ce bijou de marbre ?
Le Taj Mahal fut construit par l'empereur Shah Jahan pour recevoir le corps de sa deuxième épouse Mumtaz, morte en mettant au monde son 14ème enfant en 1631. Son trépas brisa le cœur de l'empereur dont les cheveux seraient devenus gris en une nuit. Peu de temps après, Shah Jahan fut renversé par son fils Aurangzeb et emprisonné au fort d'Agra d'où, le restant de sa vie, il ne pu qu'apercevoir sa création par la fenêtre. A sa mort, en 1666, il fut inhumé auprès de Mumtaz, un vrai conte des milles et une nuits, non ?
La beauté de cet amour transparaît dans la magnificence de ce monument, dans l'harmonie de ses lignes. Au total, 20000 ouvriers participèrent à la construction. Des experts furent amenés d'Europe pour concevoir les délicates dentelles de marbre et les décorations en pietra dura, faites de milliers de pierres semi-précieuses incrustées dans le marbre.
Si le Taj n'a assurément rien perdu de sa splendeur d'antan, l'épais nuage de pollution qui recouvre la ville constitue une menace sérieuse. Certaines mesures ont été prises, mais seront-elles suffisantes ?
Ce n'est pas tous les jours que l'on visite le Taj Mahal, je mets donc toutes les chances de mon côté pour apprécier au maximum cette opportunité. Ainsi, lorsque les grilles s'ouvrent à 6h15, je pénètre en premier dans l'enceinte, plutôt sympa ! Par contre, je suis contraint d'abandonner Schkroumpf à la consigne, je suppose qu'il a tiré la langue au gardien. Comme il est tristounet, je l'emmène le soir même voir le soleil se coucher sur cet hymne à la beauté et à l'Amour…

 

Lundi 14 Octobre 2008

J+351 Delhi d'initié, Delhi de fuite : une ville deux en un…
Nous voici dans la capitale indienne. C'est parmi la douce mélopée des klaxons et des appels lancinants des taxis que je découvre la grande Delhi vêtue de sa robe grise… 13 millions d'habitants, un niveau sonore qui met AC-DC au placard, des bouchons pires qu'à Nantua (si !), une chaleur écrasante et une pollution omniprésente : bienvenue !
Des jardins aérés, un métro ultra moderne d'une étonnante quiétude, des boutiques élégantes, des tables sophistiquées et des cafés branchés : bienvenue ! Non, Denis ne fait pas un dédoublement de personnalité. C'est pas moi, c'est Delhi !
Comme vous le savez ou pas, Delhi rassemble en fait deux villes, Old Delhi et New Delhi. C'est le jour et la nuit, enfin, cela ne veut pas dire que l'une des deux ne sert qu'à dormir, je vous explique.
Vaste et bien conçue, New Delhi fut construite pour être la capitale de l'Empire britannique des Indes. Bref, c'est lisse et calme, formaté et ennuyeux. A l'opposé, Old Delhi était la capitale de l'Inde musulmane. Ni lisse, ni calme, ni formatée, ni ennuyeuse, elle offre un spectacle de tous les instants qui saura vous surprendre et vous tuer sur place. Oui, parce que c'est sale, très pollué, tous vos sens sont constamment sollicités, c'est une jungle urbaine, c'est, c'est… un bordel inimaginable ! C'est d'ailleurs le propre de ce pays, il faut vraiment y aller pour se rendre compte et encore il y a un temps entre la visualisation et le traitement de l'image par ce qui me sert de cerveau. Du genre, « Es-tu bien sûr petit nenoeil d'avoir vu des vaches brouter sur le terre-plein central de la 4 voies ? ». Heureusement, la mémoire est là pour aider : « Oui, oui, je confirme, c'était en remontant l'avenue à contresens sans phare avec le cyclopousse… ». « Ah, ok. ».
Je ne livre pas là une anecdote croustillante. L'Inde, c'est toujours comme ça. C'est ce qui fait son charme…
En dehors de la visite « classique » de Delhi qui passe par certains monuments majeurs comme la fameuse mosquée Jama Masjid que vous pouvez observer en photographie avec en arrière-plan le non moins réputé Red Fort, je fais un tour au marché des épices, le 3 en 1 : odeurs, saveurs et couleurs… Et puis, je pars à la rencontre de Shekhar et de l'association Salaam Baalak Trust. Depuis 1988, cette asso aide les gamins des rues en leur procurant un toit, de quoi manger, une éducation et de l'amour. Shekhar était encore un de ces gamins il y a quelques années. A 12 ans, il a quitté le Bihar et sa famille. Il fumait et pausait des problèmes à ses parents, il a préféré partir, la liberté. Sauf que cette liberté a un prix. Sa nouvelle maison n'a pas de toit, d'oreilles attentives. Sa nouvelle maison, c'est les quais de la gare de New Delhi, c'est la rue, la jungle…
Pour se nourrir, il saute avec les autres gamins dans les wagons et ils récupèrent ce qu'ils peuvent. Ils collectent aussi les déchets pour les revendre à des intermédiaires du recyclage. Fou de cinéma, comme beaucoup de ses copains, il lui est arrivé de sauter dans un train pour rallier Bombay (à 2000kms !) et voir une avant-première! Ces gamins, livrés à eux-mêmes, ont des problèmes de santé, d'hygiène, certains se droguent, volent… Une association bienvenue !
Enfin, je visite le mémorial consacré à Gandhi. Ce n'est pas mon propos de vous livrer ici sa biographie, trop riche. Simplement, j'ai suivi avec émotion les derniers pas de ce petit grand homme. Le 30 janvier 1948, le « père de la nation » indienne, le plus éminent apôtre de la non-violence que la Terre aie portée en son sein tombe à terre, 3 balles dans la poitrine… L'ironie de la bêtise humaine.

 

Jeudi 17 Octobre 2008

J+354 Jaipur
Bienvenue au Rajasthan ! La simple évocation du nom de cet Etat au Nord-Ouest de l'Inde est déjà une invitation au rêve. Le Rajasthan ou « Terre des rois » que je vous propose de découvrir en plusieurs étapes, porte encore l'empreinte du faste des farouches guerriers rajputs qui conquirent la région à la pointe de l'épée. Citadelles imprenables, palais somptueux, les Rajasthanis, fiers de leur patrimoine, semble évoluer dans un décor bolywoodien, un décor de comte de fée...
Commençons notre découverte par la capitale de l'Etat, Jaipur, la ville rose. Pour partir à la découverte de la « cité des victoires », le plus dur pour moi est de progresser vers ses centres d'intérêts au rythme des conversations. En effet, entre les commerçants qui donnent pleine signification à l'expression « marchands de tapis » et les étudiants qui cherchent à pratiquer leur français ou tout simplement à découvrir un peu la culture d'une Europe pressée, j'ai peine à faire plus de 100m d'affilée. Il est de toute façon difficile de se faire plus accoster qu'en Inde.
L'ensemble palatial que vous voyez en photo est encore aujourd'hui la résidence du maharaja. Quant à cette photo « artistique » où vous devinerez (ou non) mon reflet, il s'agit en fait d'une gigantesque jarre en argent de 1,60m de haut, réputée avec sa jumelle pour être les plus gros objets en argent du monde. Le maharaja Madho Singh II y transportait de l'eau sacrée du Gange lors de ses voyages en Angleterre. Cela vous donne une idée du train de vie des maharajas à la grande époque. Quant à la somptueuse façade du Hawa Mahal, le « palais des vents », les petites fenêtres ajourées permettait aux femmes du harem royal d'observer le spectacle de la rue et des processions.
Pour parfaire cette journée au pays des merveilles, je suis allé au cinéma pour voir mon premier film de Bollywood. Pour l'anecdote, j'ai embarqué avec moi mon chauffeur de rickshaw qui m'avait demandé s'il pouvait venir en plaisantant (ou peut-être pas). Je l'ai pris au mot, il était ravi. Le film, comme on s'y attend, était assez fleur bleue. Cependant, Bollywood qui est devenue le plus important marché cinématographique au monde (eh oui !), est aujourd'hui à même de présenter des superproductions modernes avec cette petite touche caractéristique si particulière. Ici, on aime encore rêver...
[ Je dédie ce carnet à Jacqueline et Ming-Ming à qui je souhaite de découvrir ce Rajasthan qui, à juste titre, les fait rêver.]

 

Samedi 19 Octobre 2008

J+356 Jaisalmer, la cité dorée...
Deuxième volet de notre périple au Rajasthan. Nous voici aux portes du Désert du Thar, les mirages commencent. En approchant Jaisalmer, on a l'impression de se diriger vers un gigantesque château de sable, trônant en haut d'une colline. La vérité n'est pas loin. En effet, au milieu d'un paysage désertique, une magnifique forteresse de grès doré domine cette cité millénaire. Ses 99 bastions entourent d'étroites ruelles qui serpentent entre des havelis ouvragés. Ces riches demeures de grès et de bois finement sculptées, furent pour la plupart bâties par des négociants, marchands de brocards, de bijoux, etc... Dès le XIIème siècle, Jaisalmer prospéra grâce à sa position stratégique sur la route des caravanes entre l'Inde et l'Asie Centrale. Aujourd'hui, elle est tournée vers le tourisme et pour cause, le cadre est vraiment enchanteur. Dans le prochain épisode, retrouvez Denis à dos de chameau unibosse (une espèce très rare). Alors, ne partez pas maintenant, restez au moins pour le désert...

 

Lundi 21 Otobre 2008

J+358 Le Rajasthan la pluie...
J'ai pensé que, comme le voyage touche bientôt à sa fin, j'avais le droit de faire encore quelques jeux de mots lourdingues. De la même façon, je vous ai mis ma vieille tête de fennec (on est dans le désert), histoire que vous puissiez découvrir à qui vous devez ces vannes à 2 roupies... [Lynchage interdit]
Je vous emmène aujourd'hui dans le Désert du Thar, à la frontière pakistanaise.
Après une trentaine de kilomètres en jeep, nous changeons de montures et je grimpe pour la première fois sur un gentil camélidé bossu: un dromadaire. Nos dromadoriers (je sais pas comment on dit...) sont super sympa. L'un deux n'est qu'un petit bonhomme de 12 ans! Ce qui ne l'empêche pas d'avoir un parfait contrôle des dromadaires et d'être d'une efficacité redoutable dans toutes les tâches quotidiennes de la vie du désert. C'est d'ailleurs ces besognes qui rythment la vie des villageois qui habitent les rares hameaux que nous croisons. Aller chercher de l'eau, du bois, travailler la terre en espérant la pluie... C'est une vie à part. En tout cas, cette courte escapade de deux jours dans le désert m'a beaucoup plu. C'est un milieu fascinant qui, contrairement à ce que l'on pourrait croire abrite bien des espèces. Tiens d'ailleurs j'ai même vu « la bête des Vosges » (photo à l'appui). Comme le Dahut, ses jambes de longueurs différentes, lui permettent facilement de se mouvoir sur les pentes des dunes...
Il faut bien que je me remette dans le bain car dans 5h exactement, je prends mon avion...
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Mercredi 23 Octobre 2008

J+360 Udaïpur – encore un peu de rêve…
Après une nuit dans une essoreuse à salade, ce qu'on m'avait annoncé comme un bus de nuit, je joins Udaïpur au petit matin. Il s'agit de ma dernière véritable étape avant de gagner Mumbai pour prendre mon avion retour…
Le Rajasthan est définitivement une région magique et cette cité que je découvre a des allures de Venise orientale. Le lac Pichola, au cœur de la ville, est entouré de bâtiments chatoyants et de palais somptueux. Parmi ceux-ci, le palais flottant, joyau d'Udaïpur, servit par ailleurs de décor pour des scènes d'un film de James Bond (Octopussy). Aujourd'hui, la plupart de ces palais sont devenus des palaces dont les prix prohibitifs ne passaient pas vraiment dans mon budget !
Le lac, asséché par des moussons de faible ampleur, s'est de nouveau remplit en 2006 suite à une pluviosité sans précédent. L'eau reste néanmoins un problème important dans tout le Rajasthan. Je profite et savoure pleinement mes derniers instants en Inde, en voyage. Au milieu des rickshaw, des éléphants, des dromadaires et des vaches, je me balade tranquillement dans ce pays que j'ai appris à aimer. En Inde, le spectacle ne cesse que lorsque les paupières se ferment. La frontière entre rêve et réalité s'étiole et vacille, comme un soleil rougeoyant sombrant dans les eaux…